Insécurité alimentaire.
Préserver les terres agricoles : une urgence.
Le peuple suisse avait bien compris l’enjeu en acceptant en septembre 2017 l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire par 78,7 % de oui. Tous les cantons l’ont accepté. L’arrêté stipule dans son premier alinéa que « en vue d’assurer l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires, la Confédération crée des conditions pour la préservation des bases de la production agricole, notamment des terres agricoles ».
En priorité, ce sont les terres les plus fertiles du pays, désignées comme terre d’assolement par la Confédération, qui doivent être préservées. Elles se situent en plaine pour des raisons climatiques, la qualité des sols et un travail agricole facilité. Et c’est aussi dans ces terres que se sont implantées et tentent de s’implanter encore les industries, les surfaces commerciales, les parcs d’attractions, les pôles de développement économique cantonaux avec les accès routiers que nécessitent de telles infrastructures.
90 % de notre alimentation dépend des sols ; de sols vivants, riches en micro-organismes, en humus et en biodiversité. L’ensemble des terres agricoles du pays fournissent 50 à 55 % de notre consommation actuelle. Pour compléter, nous importons des denrées alimentaires pour les humains ou des fourrages pour nourrir le bétail (bovins, porcs, poulets, etc.).
L’intensification que nous connaissons requiert une mécanisation de plus en plus lourde, une utilisation d’engrais du commerce et des pesticides. Ce mode de production consomme une quantité non négligeable de pétrole. Au niveau mondial, la situation inquiète : le potentiel de production diminue en surface et en qualité pour une population en augmentation. Les conflits armés, les sécheresses ou les inondations nécessitent des programmes d’aides alimentaires d’envergure.
« l’horizon est infini, mais le sol sur lequel des aliments peuvent
pousser est limité, et il y en a de moins en moins : chaque année,
l’érosion, la salinisation, la sécheresse, la désertification et
l’imperméabilisation entraînent la perte de cinq à sept millions
d’hectares de terres cultivables, soit davantage que la superficie
de la Suisse.»
Moneta, avril 2018, Journal de la Banque alternative
Terres nourricières et agriculture de proximité font bon ménage.
La pandémie qui sévit depuis deux ans a révélé avec pertinence ce que nous observons depuis plusieurs années ; la fragilité d’un approvisionnement basé prioritairement sur un au coût de production le plus bas, quelle que soit la provenance. Les acteurs du marché et les transporteurs se chargent de ravitailler les uns et les autres.
Par beau temps, ça tourne plus ou moins bien, là où le pouvoir d’achat est suffisant. Par mauvais temps (pandémies, gel, sécheresses, inondations, manque de main-d’œuvre), les pénuries alimentaires et autres révèlent l’illusion de l’abondance, même dans les sociétés industrialisées, super équipées et riches.
Il est toujours tentant de se rassurer en évoquant une crise passagère, un concours de circonstances malheureux, des gouvernements incompétents. En réalité, c’est tout un système économique, commercial qui se fracture.
Il en est ainsi pour l’alimentation, nous ne pouvons plus parler d’une crise, ce qui présupposerait le retour à une situation antérieure confortable, sécurisante, nous devons parler d’insécurité alimentaire persistante par la disparition irrémédiable de terres agricoles.
Dans un tel contexte, concrétiser de nouveaux pôles de développement économique dans des terres agricoles de grandes valeurs suscitent aujourd’hui de vives inquiétudes et peuvent être considérées comme inadaptés à la nouvelle donne.
Dans la commune de la , à l’ouest du littoral neuchâtelois, les autorités cantonales décident de passer progressivement à la réalisation d’un pôle économique sur 23 hectares de terre d’assolement. L’élaboration de ce projet a commencé il y a une quinzaine d’années. Durant cette période, des préoccupations sociétales ont pris de l’ampleur comme la confirmation d’un dérèglement climatique qui fragilise la production de denrées alimentaires, et depuis deux ans la pandémie, qui au plus fort de sa propagation, remet en évidence le rôle vital d’une agriculture de proximité.
Ces deux phénomènes nous font prendre conscience que ce qui a été projeté avec de bonnes intentions il y a quelques années ne répond pas, dans certains cas, aux priorités d’aujourd’hui. La grande question, pour les autorités politiques et les milieux économiques, est d’intégrer cette nouvelle réalité. Il y a urgence.
Pour le pôle économique de la Tène, il est encore tout à fait possible de suspendre le projet et, en collaboration avec les agricultrices et les agriculteurs de la région, de transiter vers un pôle de développement agricole qui propose des modes de production durable.
23 hectares de bonnes terres nourricières, touchant l’agglomération du littoral neuchâtelois, constituent une chance pour développer à grande échelle une agriculture de proximité.
Fernand Cuche
Lignières, le 18 décembre 2021
LA Tène en transition : 200 oppositions.
Des citoyennes et des citoyens de la commune ont constitué une association « La Tène en transition ». Un des buts de l’association est de sauvegarder des terres agricoles sur la commune. Pour atteindre cet objectif, 200 oppositions ont été déposées à la Chancellerie. Votre engagement pour soutenir cette cause vitale sera bienvenu.
Le blog de l’association est en cours de finalisation. Il figurera ici dès que disponible
Adresse : Association La Tène en transition, rte de la Falaise 3, 2074 Marin
Courriel : lateneentransition@gmail.com
Pour des dons :
IBAN : CH4200766000103801838, Association La Tène en Transition, rte de la Falaise 3, 2074 Marin