Pourquoi 3 initiatives ?
Coopérer est un mot qui caractérise l’esprit des Suisses. Ils ne réussissent pas à tous les coups. Disons que la constellation des étoiles n’était pas favorable à l’élaboration d’un texte commun… L’interrogation prend de l’ampleur lorsque nous tentons de comprendre les enjeux d’un tel engouement.
Dans les pays industrialisés, l’agriculture évolue à un rythme soutenu. Elle est mécanisée, s’adapte aux innovations technologiques et agrochimiques, se rationalise, augmente ses rendements, conquière des marchés. Pour les pays qui n’en sont pas encore là, qu’ils ne s’impatientent pas, leurs meilleures terres fertiles seront toujours convoitées et cultivées pour imposer ce modèle industriel. Qu’ils ne craignent pas d’étouffer sous des tonnes de riz, de maïs ou de blé, les récoltes seront rapatriées et commercialisées.
Nous sommes nombreux à dénoncer ce modèle dominant visant un marché mondial totalement libéralisé. Ce modèle impose progressivement la compétitivité globalisée. Les conditions d’un totalitarisme marchand sont en place. Les effets collatéraux de ce modèle unique sont multiples : diminution drastique de la population paysanne, pollution des sols, de l’air et de l’eau, alimentation dénaturée, atteinte majeure à la biodiversité. Des alternatives existent et fleurissent un peu partout dans le monde, là ou l’homme a repris contact avec son environnement naturel. Il sélectionne les innovations, les semences, les moyens de protéger ses cultures. Il inscrit le travail de la terre dans la durabilité, conscient qu’il est de passage avec la volonté et le plaisir de transmettre une terre vivante par elle-même.
Ces trois initiatives visent à préserver :
- une population agricole nombreuse, équitablement rémunérée
- les terres nourricières et une fertilité naturelle des sols
- une alimentation de qualité et diversifiée
- un commerce équitable au service d’un développement harmonieux.
Au Sud comme au Nord, les populations doivent reconquérir et consolider leurs droits pour définir le choix de leur alimentation et le mode de production. Le marché servira à offrir aux uns et aux autres ce qui leur manque.
Compte tenu de ces enjeux, ces trois textes complémentaires expriment l’ampleur de la tâche qui nous attend. Ces trois initiatives peuvent constituer un des levains nécessaires à inverser la tendance et s’orienter vers une agriculture paysanne.
Fernand Cuche, les Prés- sur-Lignières, le 1er février 2015