Une première étape qui ouvre le sillon vers une transition de notre politique agricole.
L’initiative a été déposée par l’Union suisse des paysans en juillet 2014. Elle vise à renforcer la production indigène de biens alimentaires par un niveau d’auto-approvisionnement élevé, la préservation des terres agricoles, une agriculture durable et diversifiée.
Les Chambres fédérales se sont accordées pour rédiger un contre-projet. Le 14 mars 2017 le Parlement acceptait à une large majorité le contre-projet sur la sécurité alimentaire. Satisfaits du résultat, les initiants ont retiré leur initiative. Nous allons donc nous prononcer sur un article constitutionnel voté par le Parlement.
Si le peuple fait ce premier pas, les suivants dépendront essentiellement des modifications qui seront portées dans les lois et les ordonnances nouvelles, car le texte est rédigé en termes très généraux.
Le Conseil fédéral, puis le Parlement pourront difficilement se satisfaire d’une réforme légère. Trois initiatives déposées en 2016 et 2017 sont plus précises quant aux décisions à prendre pour atteindre au minimum les objectifs du contre-projet, par exemple :
- pour l’aménagement du territoire, l’initiative des jeunes verts stipule entre autres que toute nouvelle zone à construire doit être compensée intégralement par le retrait d’une surface équivalente de terre agricole déjà constructible.
- pour la commercialisation de la production agricole indigène à des prix équitables, l’initiative d’Uniterre exige des mesures de protection aux frontières pour les importations de denrées alimentaires.
- et l’initiative des Verts qui exige que les denrées alimentaires importées satisfassent aux mêmes normes que celles produites en Suisse (protection de l’environnement et des animaux et dans des conditions de travail équitables).
Les signataires de ces trois initiatives expriment une volonté populaire qui se renforce quotidiennement pour engager des réformes substantielles. Après la transition énergétique, nous vivrons une transition de notre politique agricole.
Je dirai oui à ce premier pas qui prévoit aussi d’inscrire dans la constitution l’exigence d’une utilisation des denrées alimentaires qui préserve les ressources ; ceci permettra de combattre le gaspillage alimentaire qui s’élève à près de 30% et pour lequel le consommateur final est le principal responsable ; des campagnes d’information crédibles permettront certainement de largement diminuer cette ineptie.
Mais les pas suivants seront plus décisifs, plus déterminants encore pour avancer. Il faudra s’attaquer au dogme du libre-échange sans limites, sans contraintes, arrêter de bidouiller les critères pour définir la qualité d’une terre agricole cultivable, secouer les acheteurs afin qu’ils paient le prix pour une quantité et une qualité déterminée, réformer rapidement les organisations professionnelles appelées à négocier sur les marchés, orienter toutes les stations de recherches agronomiques vers des modes de production qui abandonnent progressivement les pesticides de synthèse. Pour atteindre ces objectifs, les initiatives qui suivent demeurent indispensables.
Fernand Cuche
Les Prés, 2553 Lignières, le 25 août 2017