Le discours de Fernand Cuche :
» Semailles d’automne.
Semer la zizanie, la pagaille, semer ses concurrents, semer le doute comme les climatosceptiques… En plus crédible, celles et ceux qui doutent que le modèle économique qui s’impose progressivement sur l’ensemble de la planète soit le bon pour durer.
Une économie néo-libérale qui épuise des enfants, des femmes, des hommes et les ressources vitales.
Douter de prouesses techniques dispendieuses, inconcevables par les temps qui courent comme la coupe du monde de foot au Qatar ou de futurs jeux olympiques d’hiver en plein désert d’Arabie saoudite où il ne neige pas… l’occasion aussi de construire une ville du futur enneigée toute l’année de quoi faire pâlir Zermatt, Crans Montana, Andermatt ou Verbier.
Les feux avertisseurs de danger étaient à l’orange clignotant, ils ont passé à l’orange permanent.
Depuis quelques décennies déjà, ils ont au rouge. D’ici qu’ils reviennent au vert, il va falloir s’accrocher…
Impressionnant comme le dérèglement climatique jette une lumière crue sur nos mal-développements, nos excès, nos capacités performantes à détruire ce qui permet la vie.
Surprenant comme le mot sobriété, si cher à Pierre Rabi, prend place dans le discours politique, semant le doute quant à la croissance, le toujours plus, le toujours plus loin.
« Je consomme donc je suis. »
« Plus je m’éloigne pour mes vacances, plus je me rapproche de la nature, j’ai dormi dans les arbres en Amazonie… »
Dans ce monde qui s’appauvrit, se lézarde, brûle, s’assèche ou subit l’inondation de grande envergure comme au Pakistan, le doute n’est plus permis.
La transition fondamentale vers une société plus apaisée, équitable, solidaire s’impose, préservant impérativement et durablement les ressources naturelles. Il va falloir s’accrocher, enfin pour celles et ceux qui ont déjà fait le choix d’une autre vie, ils, elles ne peuvent qu’être confirmé-e-s dans leur nouvelle orientation.
Il serait faux de se culpabiliser parce que malgré nos propositions, nos engagements, nous en sommes arrivés à un point de bascule. La tâche incombe plus que jamais à l’ensemble de la société.
Cette transition inévitable s’impose. Elle ne peut échapper à l’abandon du système économique constituant son noyau dur. L’abandon progressif de ce modèle destructeur ouvre enfin pour toutes et tous un espace de réflexion et de création libéré de la croissance économique, un espace où nous n’avons jamais mis les pieds. Il est grand temps de franchir ce pas décisif pour l’avenir de l’humanité.
C’est le temps des semailles d’automne. Nous pouvons y aller d’un bon pas sans le moindre doute. C’est le temps aussi de rappeler que 90 % de notre alimentation dépend des sols, dépend aussi d’une rémunération équitable pour celles et ceux qui cultivent les terres, élèvent du bétail, prennent soin de la fertilité naturelle des espaces ruraux.
C’est le temps aussi de semer les graines d’une nouvelle solidarité qui assure pour toutes et tous l’accès à une alimentation saine, suffisante, diversifiée, l’accès à l’eau potable, aux semences.
C’est le temps de réensemencer les graines porteuses des libertés fondamentales, le droit à la parole, le droit de manifester, de revendiquer. Je pense en particulier aux manifestations en Iran.
L’automne, après les semailles c’est le temps de la somnolence, puis du repos pour ce qui est vital, les terres nourricières. »
Fernand Cuche
Montézillon, le 9 octobre 2022
Le site de L’Aubier